2-2-4 Les parents et grands-parents de Charles et Marie Dacquebert

 Qui sont les parents de Charles et Marie Dacquebert ? On trouve la réponse dans le contrat de mariage de Marie et Antoine Coillot passé chez Du Buir en 1592 (reproduit sur le site Fournier-Lemaire). On peut y lire « Mary Dacquebert assistée et accompagnée de Jehan De Lactre son beau-père, et de Mérotte Becquelin sa mère, Jehanne Le Marinier sa mère grand, Richard Becquelin son oncle maternel et autres ses bons amis d’autre part.». Le contrat fait également référence à son père décédé Guillaume Dacquebert, fils de Jehanne Le Marinier. On peut en conclure que Marie et Charles sont les enfants de Guillaume Dacquebert et de Mérotte (ou Marie) Becquelin qui s’est remariée avec Jehan De Lactre après le décès de Guillaume et ce même Guillaume Dacquebert est fils de Jehanne Le Marinier.

On a retrouvé l’acte de baptême de Charles dans les premiers registres de St Nicolas en 1574. Il est effectivement déclaré fils de Guillaume et les parrains et marraines sont Charles Routier, Robert Paillet, Ysabeau Hybon et Clarette Pisson. Ysabeau Hybon est probablement la femme de Nicolas Becquelin (mariage en 1588), marchand de vin et échevin de Boulogne en 1572 et frère de Marie Becquelin (l’épouse de Guillaume Dacquebert) selon FAB (Becquelin). On n’a pas retrouvé la trace du baptême de Marie ni de celui d’autres enfants du couple Dacquebert - Becquelin.

 Guillaume Dacquebert n’a pas laissé de trace dans les registres de St Nicolas mis à part comme parrain au baptême de Oudart Magnier (Le Marinier ?) fils de Lois en 1576 (les autres parrains et marraines sont Oudart Parenty, Loise De Habart et Collette De La Rue). Par contre on retrouve Marie Becquelin marraine au baptême de (1) Jan Becquelin fils de Nicolas en 1562 (2) Jacques Dacquebert enfant de Jacques en 1571 (3) Marie Le Conte, fille de Fiacre en 1577. Guillaume serait décédé avant 1586 puisque selon FAB (Becquelin), elle est remariée avec Jehan Delattre lorsqu’elle est témoin cette année-là au contrat de mariage de sa nièce Marguerite, fille de son frère Richard, avec Etienne Hurterelle. Toujours selon FAB (Becquelin) Richard Becquelin, qui est témoin au contrat de mariage de 1592,  est marchand et bourgeois à Boulogne. Il serait né vers 1538 de Jehan, laboureur à Neufchâtel-lez-Hardelot et Jehanne Le Sueur et aurait épousé successivement. Adrienne Routtier (vers 1570) puis Marguerite Lhoste. Il serait le père d'Anthoine, né en 1574, marchand mercier à Boulogne, de Suzanne, épouse de Nicolas Lhoste, également marchand mercier puis échevin et de Catherine, épouse de Claude Maréchal. Ces deux derniers couples (Suzanne Becquelin – Nicolas Lhoste et Catherine Becquelin – Claude Maréchal) apparaissent souvent comme témoins dans les contrats de mariage impliquant les enfants d’Antoine Coillot et Marie Dacquebert entre 1620 et 1640 (voir plus haut). FAB (Becquelin) recense trois autres frères de Marie : (1) Mathieu Becquelin, marchand de vin à Boulogne et époux de Jehanne Daverdoing (2) Jehan Becquelin, marchand mercier à Boulogne et époux de Marguerite Sauvage (3) Nicolas Becquelin, marchand de vin à Boulogne et échevin en 1572 époux d’Isabeau Hibon (la marraine de Charles Dacquebert en 1574).

Qui pourrait être le père de Guillaume Dacquebert et époux de Jehenne Le Marinier? On a retrouvé un acte de baptême de St Nicolas de 1556 pour Adrian Dacquebert fils de Guillaume et Jenne Marinier (les épouses sont rarement citées dans ces premiers registres) avec comme témoins : Adrian Des Camps, Anthoine Maillet, Marie Courtin et  Nicole De Quennehen et un autre de 1560 pour un deuxième Adrian Dacquebert fils de Guillaume (l’épouse n’est pas mentionnée) avec comme témoins Adrian Le Serne, Waulter De Quennehen, Marguerite Blizon et  Marguerite Lenoir. On n’a pas retrouvé l’acte de baptême de Guillaume mais il se pourrait que sa naissance ait eu lieu avant 1553, date des premiers actes disponibles. On peut donc penser que Guillaume et Jehenne Le Marinier se sont mariés vers 1550 et qu’ils ont eu des enfants (Guillaume et les deux Adrian) jusqu’en 1560.

 FAB (Le Marinier) mentionne Jacques Dacquebert, marin à Outreau, époux de Jehenne Le Marinier qui a pour frère Robert Le Marinier, dit Bontemps, né vers 1520, marchand à Boulogne et époux de Marguerite Blisson vers 1550. Toujours FAB (Dacquebert) mentionne également un contrat de 1587 chez Preudhomme par lequel Jacques Dacquebert, marinier à Outreau  et son fils Guillaume vendent  en 1587 à Jean Vaillant des terres au Nocquet (Equihen) provenant de la succession de son père Marc Dacquebert époux de Jeanne Martel et frère de Pierre Dacquebert, époux de Jehenne Caulier, qui est à l’origine de bien des Dagbert d’Outreau et du canton de Marquise. Un certain Michel Dacquebert, laboureur à Outreau, est témoin au contrat.  Encore FAB (Sauvage) indique que Mahieu Sauvage, né vers 1510 et marinier au Portel épouse vers 1535 Jehenne Le Marinier dit Bontemps, sœur de Robert, marchand à Boulogne, et veuve de Guillaume Dacquebert. Finalement, dans son addendum, FAB (Dacquebert) fait de Guillaume Dacquebert, époux de Jehenne Le Marinier, le frère de Marc et de Pierre. Ce même Guillaume Daguebert est mentionné dans un article d’Isabelle Clauzel-Delannoy sur les Portelois du Moyen-Âge que nous a aimablement communiqué M. Evrard du Portel. Il y est indiqué qu’ «entre 1520 et 1535, le capitaine Guillaume Daguebert mena une féroce guerre de course dans le détroit, au cours de laquelle deux marins boulonnais furent tués, vingt blessés et un dernier eut le bras arraché ».

Est-ce que notre Guillaume est ce capitaine ? Le problème avec cette hypothèse est qu’il serait mort avant 1535, date du remariage de sa veuve, ce qui est difficilement  conciliable  avec un mariage vers 1550 et des naissances entre 1550-1560. On pense plutôt qu’il y a eu deux couples Guillaume Dacquebert – Jehenne Le Marinier, le premier vers 1520-1535 principalement à Outreau et le second vers 1550-1560 essentiellement à Boulogne, donc un écart d’à peu près une génération entre les deux.

 Toujours à propos du « corsaire » Guillaume Dagbert, nous avons trouvé quelques informations supplémentaires. Il y a d’abord cette mention dans les Calais Papers (correspondance officielle relative à l’administration de la ville de Calais sous domination anglaise jusqu’en 1558)  en date du 12 février 1522 : la lettre de John  Lord Berners et Raymond Cutturus (maire de Calais) au cardinal Wolsey indique qu’ils ont reçu du vice-amiral de Boulogne une proclamation à faire à tous les Anglais de Calais qui ont été « aggressés » (en anglais aggrivied) sur la mer par William Pendecherf et William Dacquebert de se rendre à Boulogne le 17 février (1522) pour récupérer leur marchandise. Plusieurs des marchands impliqués habitent Londres et il faut les avertir. L’un des plaignants est Henry Lomner, épicier à Londres, et sa cargaison était constituée de figues, raisins et autres épiceries. De 1492 à 1522, la France (à Boulogne) et l’Angleterre (à Calais) ne sont pas en guerre. Les hostilités reprendront de 1522 à 1525 puis la paix reviendra de 1525 à 1542. Cette proclamation est reprise dans les « Éphémérides Historiques intéressant le pays Boulonnais » d’Ernest Deseille publié dans le tome 8 des Mémoires de la Société Académique de Boulogne de 1886. L’auteur y ajoute en commentaire une déposition de Perpointe Devaunter, marchand de la Hanse, devant John Daunce.

On a également cette lettre manuscrite conservée dans la collection Godefroy de la Bibliothèque de l’Institut de France et signée de Guillaume Dacquebert, maître de navire, et son capitaine Olivier Hallequin. Elle est reproduite à la page suivante avec sa traduction en français ancien et plus moderne par messieurs Jean Paul Delaval et Eric Brongniart, paléographes bénévoles du forum Gennpdc, que nous remercions pour leur aide inestimable. C’est en quelque sorte un laissez-passer pour permettre à un Maître Haindrique de  Hambourg de récupérer moyennant rançon sa barque de 80 tonneaux capturée le 26 aout (malheureusement sans préciser l’année) par les mêmes Dacquebert et Hallequin. Il est fort vraisemblable que l’on ait toujours affaire au même Guillaume Dacquebert. Olivier Hallequin pourrait être le père  de Jacqueline Hallegrain, née vers 1538 et qui épouse Jerosme Battel vers 1558 à Boulogne (FAB – Battel).

 

 

Moÿ guillame Dacquebert dit bonnet maistre de nauÿre et Ollguier hallequin capitaine dudit navire ce XXVI daoust auons prins une barque de quatre vings tonneaux de la ville de habours dons auons le maistre haindricque lans de hambourc donc aud..Guillaume DACQUEBERT an reuendu son navire audist maistre pour le pris et somme de deux cens livres de gros monnoys de flandre qui valette XII cens livres monnoy tournois dons il promet de rapporter la dicte somme dedans ung mois du jour appressant et est la dicte somme pour l'achat du navire et de la marchandise et pour raison des compaignons et le doibt apportera a boulonne sur la mer avecque despens et passe pour quy est du contenu et prions a tous maistres et capitaines du party de france de ne leur donner nul empeschement non plus que vouldrons que  lon vous plut et prions au capitaine de callais quil luy plaist de luy bailler sa trompette pour conduire et apporter sa raison jusque a boulonne tesmoings mon signe cy mis le dist jour dons demourent plaise hans los et Eloÿ Reÿgrent de hambourc

 Moi Guillaume DACQUEBERT dit bonnet maître de navire et Ollivier HALLEQUIN capitaine dudit navire avons pris ce 26 d'août une barque de 80 tonneaux de la ville de Hambourg du Maître Haindricque LANS de Hambourg dont Guillaume DACQUEBERT a revendu son navire audit Maître pour le prix et la somme de 200 livres de grosse monnaie de flandre qui valent 1200 livres monnaie tournoy dont il (Maître Haindricque LANS) promet de rapporter la dite somme dans (le délai d')un mois à compter du jour présent pour l'achat du navire de la marchandise et la libération (raison dans le sens donner raison à quelqu'un, rendre quitte) des compagnons (l'équipage de la barque) et apportera le dû à Boulogne sur Mer à ses dépens (à ses frais) et demandons à tous les maître et capitaine du partis de France de ne faire aucun empêchement (au déplacement de maître Heinricque LANS à Boulogne où il doit payer la rançon)et demandons au capitaine de Calais de lui prêter sa trompette (son envoyé pour escorter et garantir le sauf conduit) pour conduire et apporter sa rançon jusqu'à Boulogne, en témoigne ma signature mise le dit jour plaise à Hans Los (ou à la Hanse) et Claÿ Reÿgrent de Hambourg.

 

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