2- Le 17e siècle et la première moitié du 18e siècle

 Quand apparaissent les premiers registres paroissiaux au 16e siècle, la ville de Boulogne est divisée depuis bien longtemps déjà en deux paroisses : St Nicolas dans la basse ville, autour du port, fief des pêcheurs, matelots, artisans et commerçants et St Joseph dans la haute ville, à l’intérieur des remparts et domaine des notables et bourgeois. On retrouve la plupart des Dacquebert de cette époque dans la basse ville et l’on suit donc leur histoire en consultant les registres de la paroisse St Nicolas.

 Les plus vieux registres de St Nicolas conservés jusqu’à nos jours sont ceux des baptêmes de 1553 à 1583 (avec des lacunes) puis de 1586 à 1617 et enfin de façon plus ou moins continue depuis 1620 jusqu’à la Révolution. Du côté des mariages, l’information est plus sporadique : 1597-1617, puis complet depuis 1651.Pour les sépultures, c’est un peu comme les mariages : de 1596 à 1617, puis complet depuis 1658.

2-1 Deux branches souvent confondues

 En 1640, les registres des baptêmes de St Nicolas montrent deux baptêmes concernant tous deux des Jacques Dacquebert père et fils. Il y a d’abord, le 18 février, le baptême de Jacques fils de Jacques Dacgbert et Françoise Fourni(er)  avec Jehan Revellon comme parrain et Marie Fourcroy comme marraine. Le 17 octobre, c’est au tour de Jacques fils de Jacques Dacquebert et Jehenne (Jeanne) Daval d’être baptisé avec Guillaume Descamps comme parrain (vraisemblablement son oncle maître maréchal époux d’Isabeau Daval) et Frize (Françoise) Lhotte (Lhoste) comme marraine. Dans les deux cas, ces Jacques nouveau-nés semblent être les premiers enfants du couple donc peu de temps après leur mariage qui malheureusement tombe dans le « trou » des actes de mariages de St Nicolas entre 1617 et 1651et dans les deux cas, plusieurs naissances vont suivre.

Dans le cas du couple Dacquebert-Fournier, on relève les baptêmes de Nicolle en 1642 (P : Nicolas Fourcroy; M : Jeanne Daval), Pierre en 1644 (P : Pierre Langaigne; M : Marie Pain), Nicolas en 1648 (P : Nicolas Lamirand; M : Magdeleine Ohier), Jehan en 1652 (P : Anselme Toussen de Wimille; M : Marguerite Levesque) et finalement Anthoine en 1656 (P : François Casin; M : Anne Stricq). On pense que Françoise Fournier décède peu après, vraisemblablement en 1657 ou au début de 1658 (les actes de sépultures ne redeviennent disponibles qu’en aout 1658) et que Jacques Dacquebert est celui qui se (re)marie en 1659 avec Jeanne Revillon (ou Rouvillon. Les époux sont de la paroisse St Nicolas et ils laissent leur marque. Deux témoins sont cités : Pierre Hermel qui laisse sa marque et Pierre Vacoulsent qui signe. L’acte porte également les marques d’Antoinette Bernard et de Jean Remillon, peut-être le parrain de Jacques, le premier enfant du couple Dacquebert-Fournier. Pierre Vacoulsent est vraisemblablement le Pierre Vaccossan, époux de Jeanne Lemaire, jardinier en 1654 au baptême de son fils Philippe et dont le parrain de sa fille Anthoinette baptisée en 1660 n’est nul autre que Jacques Dacquebert). Le premier enfant du couple Dacquebert-Revillon est Jacques baptisé à St Nicolas en 1659 (P : Pierre Clément; M : Marguerite Vincent). Suivent Anthoinette en 1661 (P : Charles Delepierre; M : Anthoinette Dubois), Jeanne en 1664 (P : François Coillot ; M : Jeanne Cosette) et Laurent en 1666 (P : Laurent Battel; M : Suzanne Lebrun). Jacques Dacquebert est peut-être celui qui décède en 1678 à 71 ans environ (l’autre candidat est « l’autre Jacques père » époux de Jeanne Daval – voir plus bas). Jeanne Revillon est peut-être celle qui décède en 1680 à cinquante ans environ.

Dans le cas du couple Dacquebert-Daval, les registres de baptême de St Nicolas montrent les autres enfants suivants (Table 1) : Appoline en 1643 (P : Georges Mansse; M : Appoline Niepce; la mère devient Jehenne Deschamps par erreur), Jeanne en 1650 (P : Anthoine Le Bail; M : Marie de Campmajor), Françoise en 1652 (P : François Saladin; M : Françoise Caniard), Jean en 1654 (P : Jehan Descamp; M : Marie Ducrocq femme de Simon Dacquebert, son oncle), François en 1659 (P : Jehan Leclercq; M : demoiselle Isabelle Le Caron) et finalement Toussaint en 1661 (P : Archilliez Mutinot; M : Marie Marcadé). Jeanne Daval est probablement celle qui est inhumée en 1672 (Jacques Rousel signe comme témoin) à environ 54ans puisqu’on sait qu’elle est née en 1618. Quant à son mari Jacques Dacquebert, on pense que ce serait lui qui s’éteint à 71ans environ en 1678, d’autant plus qu’il a été baptisé à St Nicolas en 1607.

Que sont devenus les enfants de ces deux couples? Du côté Dacquebert-Fournier-Revillon, on pense que l’aîné Jacques né en 1640 serait mort en bas-âge ce qui expliquerait le deuxième Jacques fils de 1659. Nicolle née en 1642 aurait subi le même sort. Dans les deux cas, l’absence d’actes de sépulture disponibles avant 1658 ne permet pas la vérification de ces hypothèses. Pierre né en 1643 est le Pierre Dacquebert qui épouse Antoinette Barbe en 1668 à St Nicolas (Les époux laissent leur marque sur l’acte qui précise que le mariage est fait en présence de Jacques Dacquebert, le père de l’époux et de Nicolas Dacquebert, son frère qui tous deux laissent leur marque. Antoine Barbe, le père de l’épouse et Marguerite Guersen sa mère qui eux aussi laissent leur marque. L’acte porte également la marque de Jeanne Revillon, « mère de l’époux », en fait sa belle-mère, ce qui ne laisse aucun doute sur l’ascendance de Pierre). Selon geneanet vlecuyer Antoinette Barbe serait l’enfant « femelle » baptisée à St Joseph en 1649 (avec une Anne Dacbert de St Martin comme marraine). Le couple a un enfant illégitime prénommé Jean et baptisé en 1667 avec Jeanne Revillon comme marraine. Leur descendance est détaillée plus loin dans la section sur les débuts de la branche principale.

Nicolas né en 1648 est très probablement le Nicolas Dacquebert qui épouse Isabelle Pouilly en 1670 (Les deux époux laissent leur marque sur l’acte de mariage qui mentionne la présence de Jacques Dacquebert, père de l’époux, et de Pierre et Jean Dacquebert, ses frères, de Jacques Cordier, oncle de l’épouse, de Jacques et Louis Pouilly, ses frères et finalement de Jean Pouilly, son cousin, qui tous laissent leur marque). Isabelle (ou Isabeau) Pouilly serait la fille de François Pouilly et Jeanne Cordier. Elle serait née vers 1644 puisqu’elle décède en 1684 à 40ans mais on ne retrouve pas son baptême à St Nicolas à cette époque. Leur descendance ainsi que les trois autres mariages de Nicolas sont présentés plus loin dans la section sur les débuts de la branche principale.

Jehan né en 1652 est certainement le frère de Nicolas présent au mariage de 1670. Il pourrait être le Jean Dacquebert qui épouse, en un endroit et à une date encore inconnus, Antoinette Dubois avec plusieurs enfants baptisés à St Nicolas entre  1678 et 1689. C’est hypothétique d’autant plus qu’il y a plusieurs autres Jean Dacquebert nés entre 1650 et 1655 qui sont des candidats tout aussi valables. Malheureusement, les parrains et marraines ne permettent pas de faire un choix. Un seul petit indice, le père devenu Jacques Dacquebert au décès de sa fille Marie en 1689 ne peut signer ce qui semble exclure le Jean de l’autre branche des Dacquebert-Daval qui habituellement signent les actes les concernant. Antoine, le dernier-né de Françoise Fournier en 1656 est probablement mort en bas-âge.

Jacques, le premier né de Jeanne Revillon en 1659 est un candidat sérieux pour le Jacques Dacquebert qui épouse Françoise Viellot en 1685 à St Martin (Jacques est de St Nicolas et laisse sa marque. Françoise est de St Martin et signe. Marques de Pierre et Nicolas Dacquebert qui sont vraisemblablement les demi-frères aînés de Jacques. Marque de François Dumont "qui n'a pu écrire à cause de sa vieillesse". Marque de François Gille ou Gillot et signature de Pierre Clément. François Dumont est probablement celui  qui décédé à St Martin en 1691 à 82ans mais sans connexion apparente avec les Dacquebert ou les Viellot. Le mariage fait l’objet d’un contrat non filiatif chez le notaire Du Sommerard). Geneanet vlecuyer fait de Françoise la fille Jean Vieillot et Louise Flament baptisée à St Nicolas en 1658. Le couple Dacquebert-Viellot a plusieurs enfants qui sont présentés un peu plus loin dans la section sur les débuts de la branche principale des Dagbert de Boulogne.

Les trois autres enfants du couple Dacquebert-Revillon sont décédés avant d’atteindre l’âge adulte : Antoinette à 11ans en 1672 (Signatures de George Labarre et Claude de Lannoy sur acte de décès), Jeanne à 8 ans également en 1672 (Marque de Pierre Dacquebert, probablement le demi-frère aîné de Jacques) et finalement Laurent à 15ans en 1681 (Signatures de Pierre Fourmentin et de Jacques Sauvage sur l’acte qui donne par erreur 17ans au décédé). 

Du côté Dacquebert-Daval (Table 1), l’aîné présumé des enfants, Jacques est sans conteste le Jacques Dacquebert qui épouse Jeanne Levesque à St Nicolas en 1676 (Jacques qui signe est assisté de son père Jacques Dacquebert veuf de Jeanne Daval et de son beau-frère François Duhamel qui tous deux signent. Jeanne qui elle aussi signe est assistée de son père Pierre Levesque qui signe et de sa mère Blanche Le Bail qui laisse sa marque ainsi que de son grand-père Pierre Lebail  veuf de Gabrielle Coge qui lui aussi signe. Le mariage fait l’objet d’un contrat chez le notaire Du Fourmanoir). La parenté des époux est donc bien établie sur l’acte de mariage et permet de retracer le baptême de Jeanne en 1654 à St Nicolas. Ce mariage ne donne aucune descendance connue et il est fort probable que Jeanne Levesque est celle qui décède à seulement 26 ans en 1680 (on reconnaît la signature de son beau-frère François Duhamel sur l’acte de décès). On ne pense pas que Jacques se remarie. On pense que c’est le Jacques Dacquebert qui signe comme témoin au mariage de son frère cadet Toussaint en 1690 mais on n’a pas retrouvé la date et le lieu de son décès.

La sœur cadette de Jacques, Apolline, née en 1643 décède célibataire en 1668 (l’acte de décès donne la filiation et un âge d’environ 25 ans. Jean Jacques Gauriau le signe). Sa sœur cadette Jeanne, née en 1650 décède elle aussi prématurément en 1668 (l’acte de décès donne la filiation et un âge d’environ 20ans et il est signé par Gabriel Duhamel, le futur beau-père de sa sœur Françoise).

Françoise, née en 1652, est la Françoise Dacquebert qui épouse François Duhamel en 1672 à St Nicolas (Ce mariage fait l’objet d’un contrat chez le notaire Du Fourmanoir avec comme témoins, pour lui, ses père et mère, Pierre Bocquet, maître cordonnier, et Françoise Duhamel sa femme, sa sœur, Michel Germain, marchand mercier, veuf de Barbe Daboval, sa tante et pour elle, son père, veuf, Siméon Dacquebert, son oncle, et Marie Ducrocq sa femme, Robert Caignart, maître chasse-marée, et Jacqueline Daval sa femme, sa tante, hh Jean Lhoste, marchand à Boulogne, son cousin, et dlle Marie Fructier sa femme. Sur l’acte de mariage on trouve les signatures de François Duhamel et Françoise Dacquebert, les époux, Jacques Dacquebert , le père de l'épouse, Gabriel Duhamel et Blanche Daboval, le père et la mère de l'époux, Simon Dacquebert, l’oncle de l'épouse, et Bertrand Le Camus de Quiermont, vice mayeur de Boulogne ). François Duhamel a été baptisé en 1647 à St Nicolas. Son père Gabriel est maître maçon et chaufournier (exploitant d’un four à chaux). Le couple Duhamel-Dacquebert a une importante descendance décrite plus loin dans la section sur la branche historique des Dagbert de Boulogne.

Son frère cadet Jean, né en 1654 est un autre candidat pour le Jean Dacquebert époux d’Antoinette Dubois (voir plus haut). Son frère cadet François, né en 1659 décède prématurément en 1668 (l’acte de décès donne la filiation et un âge d’environ 10ans et il est signé par Jean Ducrocq et Denis Delpierre).

Enfin le dernier-né du couple Dacquebert-Daval, Toussaint Dacquebert, né en 1661 épouse Jeanne Brocan en 1690 à St Nicolas (L'époux signe  et l'épouse laisse sa marque. Signatures de Jacques Dacquebert, fort probablement le frère aîné de l'époux,  Pierre Paillet, probablement le cousin du côté maternel de l'épouse, marchand et maître charpentier de navire, François Duhamel, fort probablement le beau-frère de l'époux, et Adrien Delepierre, probablement le beau-frère de Jeanne, époux de sa sœur Antoinette et charpentier de bateau. Le mariage fait l’objet d’un contrat chez Me Correnson). Jeanne serait née en 1642, fille de Jean Brocan, maître de bateau de pêche et Jeanne Paillet. Le couple n’aura pas d’enfants car Toussaint meurt noyé en 1695. 

Traditionnellement, dans ces pages comme dans FGA, l’interprétation des relations entre ces individus faisait de Jacques époux de Jeanne Levesque en 1676 celui qui se remarie avec Françoise Viellot en 1685 après de décès de Jeanne en 1680. Par voie de conséquence,  Pierre et Nicolas Dacquebert témoins au mariage de 1685 devenaient des enfants du couple Dacquebert-Daval, même si leurs baptêmes avec cette ascendance n’avaient jamais été recensés. En fait les données qui viennent d’être présentées vont à l’encontre de cette interprétation traditionnelle. Jacques qui épouse Jeanne en 1676 ne peut pas être le Jacques qui épouse Jeanne en 1685 et ce même si leurs pères respectifs sont des Jacques. Le premier signe son acte de mariage alors que le second ne peut le faire. Cette inconsistance a été relevée par Sylvie Goubel dans un échange du forum GenNPdC en janvier 2016 amorcé par Will Dagbert. Elle faisait également remarquer que Jacques qui laisse sa marque come père de Nicolas à son mariage de 1670 ne peut être le Jacques époux de Jeanne Daval qui signe tous les actes où il est impliqué. Au cours de ce même échange, Vincent Lécuyer a mis en évidence le témoignage de Jeanne Revillon sur l’acte de mariage de Pierre Dacquebert avec Antoinette Barbe.

Beaucoup de points opposent les deux familles. Celle du couple Dacquebert-Daval fait partie de la bourgeoisie marchande de la basse ville de Boulogne au 17e siècle. Jacques père est marchand et maître de navire (FGA). Son fils Jacques est marinier (FGA) et il épouse la fille d’un marchand cordier. Sa fille Françoise épouse le fils d’un maître maçon. Son fils Toussaint, vraisemblablement  marinier lui aussi, épouse la fille d’un maître de bateau de pêche. Les parrains et marraines des enfants sont pour la plupart des membres importants de cette bourgeoisie marchande voire des notabilités municipales : Frize Lhotte est la fille de Nicolas, marchand et échevin, Georges Mansse est marchand bourgeois, Apolline Niepce est probablement la fille de Jacques Niepce, maître de bateau, Marie de Campmajor est probablement la fille de Louis de Campmajor, mayeur de Boulogne et l’épouse de Sébastien Mansse, échevin,  François Saladin est vraisemblablement le mari de Marie, fille de George Mansse, marchand bourgeois déjà cité. On note également la présence de Bertrand Le Camus, vice mayeur de Boulogne, au mariage de Françoise Dacquebert et François Duhamel en 1672. Les trois mariages impliquant les enfants du couple (Françoise en 1672, Jacques en 1676 et Toussaint en 1690) donnent lieu à des contrats de mariage, les deux premiers chez Me du Fourmanoir et le dernier chez Me Correnson, et tous ces enfants de même que Jacques leur père sont capables de signer.

A l’inverse, les membres de la famille  Dacquebert-Fournier-Revillon semblent plutôt des journaliers ou petits artisans même si on n’a aucune indication sur le métier de Jacques père, Jacques fils et Pierre. Nicolas est tisserand à Boulogne puis à Wimille (voir plus bas). Les parrains et marraines ne font en général pas partie des élites marchandes ou administratives à part Madeleine Ohier, probablement la fille de Georges Ohier sieur du Chocquel, et Madeleine Stricq, épouse du même Georges Ohier. Les mariages ne donnent pas lieu à des contrats sauf pour celui de Jacques fils avec Françoise Viellot chez Me du Sommerard (qui dressera également un contrat pour le deuxième mariage de Nicolas – voir plus bas) et la plupart du temps les contractants et les témoins ne peuvent signer.

On peut néanmoins noter quelques relations entre les deux groupes. Comme le fait remarquer Sylvie Goubel, Jeanne Daval est vraisemblablement la marraine de Nicole, la fille de Jacques et Françoise Fournier en 1642. Marguerite Levesque, marraine de son frère Jehan en 1652 serait la tante de Jeanne Levesque, l’épouse de Jacques en 1676. 

Les deux familles que l’on vient de décrire appartiennent à deux branches distinctes des Dagbert de Boulogne. Celle des Dacquebert-Daval se termine en cette fin du 17e siècle avec le veuvage prématuré de Jacques fils et la mort toute aussi prématurée de Toussaint. Pour cette raison, nous l’appellerons la branche historique et nous la décrivons dans la section qui suit. La famille Dacquebert-Fournier-Revillon apparaît dans les registres à la même époque et se perpétuera jusqu’à et pour cette raison, nous l’appellerons la branche principale que nous décrivons un peu plus loin dans ce texte.

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