Les Willard de la région de Marquise au 19e siècle : des meuniers venus d’Angleterrenkerque
Plusieurs
Willard apparaissent dans les registres des communes du canton de
Marquise (Marquise, Bazinghen, Rety..) dans la décennie entre
1840 et 1850 et pour la plupart, ce sont des meuniers, garçons meunier
ou gardes de moulin. Willard, parfois déformé en Williard, est
indiscutablement un patronyme anglais et effectivement, tous ces
Willard de Marquise semblent se rattacher à une famille anglaise
débarquée sur les côtes boulonnaises entre 1830 et 1840.
Le chef de famille est William Willard,
né en Angleterre, probablement dans le Sussex, vers 1801. En 1827,
c’est lui qui aurait épousé à Rottingdean, petit port du Sussex juste à
l’est de Brighton, Sarah Jupp, 21ans. Le couple Willard-Jupp reste à
Rottingdean où naissent plusieurs enfants qu’on va bientôt retrouver en
France : Richard en 1827, John en 1829, Charles Alfred en 1832 et
peut-être d’autres qui ont laissé peu de traces de ce côté ci ou de
l’autre de la Manche. On retrouve William dans le recensement de Rety
pour 1841 : il y est meunier de nationalité anglaise avec son épouse
devenue Marie Willard et six enfants dont les trois premiers sont des
garçons qui correspondent à ceux mentionnés plus haut et dont on ne
sait si les trois derniers, apparemment des filles, sont nées en
Angleterre ou en France : Richard, Edouard, Alfred, Céléandre?,
Marie-Anne et Guepp?. Dans les années qui suivent, alors que William
est toujours meunier à Rety, la famille s’enrichit de deux autres
enfants : Susanne ou Susan Willard en 1843 et Staven,
probablement une francisation de Stephen donc Étienne en 1845. A noter
que pour ces deux naissances, le père déclare ne pas savoir signer
l’acte. La famille Willard n’est plus à Rety dans le recensement de
1846 mais plutôt à Rinxent avec William Willard, 42ans, maître
farinier, Sarah Willard, 39ans, sa femme, et les enfants Willard
suivants : Richard, 19ans, voiturier, Jean William, 17ans,
voiturier, Alfred Willard, 15ans, Céléane, 9ans, Marianne, 7ans,
Edwart, 5ans, Suzanne, 3ans, Stiveune, 1an plus Joseph Jupp, 66ans, le
père de Sarah, voiturier. A noter que la fille Guepp de 1841 est
devenue le fils Edwart de 1846. En 1849, William, 48ans, est toujours
meunier à Rinxent quand il assiste au mariage de son fils cadet John à
Bazinghen. En 1851, à l’occasion du mariage de son fils aîné Richard à
Marquise, on apprend que William n’est plus à Rinxent, mais à Ferques,
plus précisément au hameau d’Elinghen, comme garde moulin.
Effectivement, on retrouve la famille Willard dans le recensement de
cette commune pour 1851 : William Willard, 49ans, garde moulin,
Sarrah Jupp, 44ans, sans profession, et les enfants Willard : William
14ans, Marie-Anne, 12ans, Edouard, 10ans, Suzanne, 8ans, Esquiwine,
probablement Stephen, 5ans, et Louise, 1an. Les trois fils les plus
âgés, Richard, John et Alfred, ont quitté le nid familial et une
dernière-née s’est ajoutée. A l’occasion du mariage d’Alfred en 1854,
on apprend que William est alors à St-Léonard mais on ne le retrouve
pas dans les recensements de 1856 et 1861 de cette commune. C’est avec
le mariage de Stephen en 1871 à Boulogne, auquel assiste sa mère alors
âgée de 63ans et demeurant à Marquise, qu’on apprend le décès de
William en 1864, à 63ans, au hameau de la Liegette de Marquise, où il
était garçon meunier. Sarah Jupp s’éteint à 72ans, en 1878, chez son
fils Richard, meunier à Bazinghen.
Le premier enfant de William et Sarah qui se marie est justement Richard Willard : en 1851, à 23ans, alors garde moulin à Marquise, il y épouse Rosalie dite Ursule Lefebvre,
fille de François Lefebvre et Marie Antoinette Dufour, journaliers à
Marquise. Le couple Willard-Lefebvre reste d’abord à Marquise où
naissent trois enfants (1851-57) et où Richard est garde moulin. Plus
tard, on les retrouve à Bazinghen où Richard est meunier (1877-82).
Leurs trois enfants se marient. La première à le faire est Euphroisine
Willard, née en 1854, et lingère à Bazinghen en 1877 quand elle y
épouse Eugène Haller, garçon brasseur de 28ans à Marquise, originaire de Strasbourg. Suit Marie Willard, née en 1857 à Marquise, qui épouse en 1879 à Bazinghen Joseph Lemaitre, voyageur de commerce de 30ans à Boulogne, originaire de Hocquinghen. L’aîné, Richard Willard, né en 1851, épouse en 1882 à Bazinghen où il est meunier comme son père, Marie Deschamps,
18ans, fille de Louis Félix Théophile Deschamps, 52ans, cultivateur et
Marie Joséphine Joseph Delbecque, 60ans à Bazinghen (Les témoins sont
les deux beaux-frères de l’époux, Eugène Haller, 33ans, employé à
Marquise et Joseph Lemaitre, 32ans, employé de commerce à Boulogne
ainsi que l’oncle de l’épouse, François Deschamps, 79ans, rentier à
Bazinghen et encore un meunier, celui-là à Locquinghen, Jules Dandre,
26ans, un ami de l’épouse). Le couple Willard-Deschamps reste à
Bazinghen où Richard fils est meunier avec son père Richard au lieu-dit
Rouge Berne et où naissent huit enfants Willard entre 1882 et 1901. Il
s’éteint à 56ans en 1908. Richard père, veuf depuis 1905, s’éteint
lui-aussi à Bazinghen en 1914 à 87ans. Marie, la veuve de Richard fils,
continue d’opérer le moulin de Rouge-Berne avec son fils aîné Richard Willard (III) qui mourra célibataire sur les champs de bataille de la Marne en 1915. Les deux autres fils se marient : Edouard Willard, né en 1889, est comptable à Levallois-Perret dans la région parisienne en 1914 quand il épouse à Wimereux Jenny Monthuis, fille du menuisier Constant Monthuis et Émélie Dacbert de Wimereux (voir le texte principal
pour plus de détails sur ce couple) et William Henri Alfred Willard, né
en 1894, se serait marié à Alençon dans l’Orne avec Marie Louise
Beucher en 1922. Quatre des cinq filles du couple Willard-Deschamps se
marient à Bazinghen : Marie Willard, née en 1884, épouse en 1905 Alexandre Dezoteux, un gendarme de 25ans de Marquise; Uranie Willard, née en 1887, s’unit en 1909 à Paul Pourre, un employé de commerce de 26ans à Marquise; Louisa Willard, née en 1892, se marie en 1912 avec Alibert Dubut, garçon négociant de 26ans à Bazinghen et finalement Germaine Willard, née en 1901, épouse en 1924 Léonard Decaix, 24ans, lui aussi garçon négociant à Bazinghen.
John Willard, deuxième enfant de William et Sarah, est garde moulin de 19ans à Bazinghen en 1849 quand il s’y marie avec Euphrosine Hiart,
domestique de 35ans à Bazinghen, fille des défunts Jean Louis Hiart et
Marie Françoise Thorel. Le couple Willard-Hiart reste d’abord à
Bazinghen où John (qui se fait parfois appeler William ou Hippolite)
est meunier ou garçon meunier et où naissent trois enfants entre 1849
et 1853. On les retrouve en 1872 et 1874 à Marquise où John est devenu
cultivateur. Ils s’éteignent tous les deux à Marquise en 1885, elle à
70ans et lui, cultivateur de 56ans. Leur fille aînée est nulle autre
que Joséphine Willard, née en 1849, qui se marie en 1872 à Marquise avec le menuisier de 25ans Émile Dacbert de Wacquinghen, fils de Moïse et Joséphine Pouilly (voir le texte principal pour
plus de détails sur ce couple). La même année 1872 et une semaine plus
tard, le frère cadet de Joséphine, Jean Louis Hyppolite dit William Willard, né en 1851 et ouvrier meunier de 21ans, probablement avec son père, épouse aussi à Marquise Louise Toussaint,
18ans, fille de Hyacinthe Louis Toussaint, 'absent depuis 6 ans
environ sans nouvelle aucune et dont le domicile actuel est
inconnu' et feue Marie Louise Geneviève Berton. C’est probablement
William Williard, 39 ans, cultivateur à Marquise, témoin au mariage de
sa nièce Angèle Dacbert en 1890 à Marquise et Hippolyte William
Willard, 49ans, cultivateur, témoin au mariage de sa nièce Marietta
Dacbert en 1900 à Marquise. Il s’éteint à Marquise, rentier de 56ans,
au lieu-dit Le Moulin à Vent, en 1907. Le plus jeune des trois enfants
du couple Willard-Hiart, Charles Willard, né en 1853 est garçon meunier à Marquise en 1874 quand il épouse à Surques (entre Licques et Desvres) Sylvanie Duchateau,
domestique de 18ans à Marquise, fille de François Marie Duchateau,
manouvrier à Surques, et feue Prudence Cécilie Delangaigne (Les témoins
du contractant sont Émile Dacbert, 27ans, menuisier à Marquise, son
beau-frère, et William Willard, 22ans, meunier à Licques, son frère).
Le troisième enfant du couple original Willard-Jupp , Charles Alfred Willard est garde-moulin de 22ans à Rety en 1854 comme son père treize ans plus tôt quand il y épouse Justine Duquesnoy,
ménagère de 23ans à Rety, fille de Pierre Joseph Duquesnoy et Émélie
Josephe Dauvergne, ménagers à Rety. Le couple Willard-Duquesnoy reste à
Rety où Alfred est garde-moulin (1854-58) puis meunier (1870-77) et où
naissent quatre enfants entre 1854 et 1870. On les retrouve dans le
recensement de Rety pour 1872 au lieu-dit La Rochette. Dans celui de
1876, Alfred est seul avec sa fille aînée au hameau de Locquinghen mais
aussi avec son épouse Justine et des trois autres enfants à Fiennes
(lieu-dit Le Crocq) également comme meunier. Il est garçon-meunier de
58ans avec son épouse dans le recensement de Fiennes pour 1891
(lieu-dit Bout des Rues) mais aussi meunier chez son frère Richard dans
le recensement de Bazinghen la même année. Après le décès de son épouse
Justine à 67ans en 1898 à Fiennes, il s’installe chez son neveu
Richard, meunier à Bazinghen, où il s’éteint en 1899 à 67ans. Leur
quatre enfants se marient. L’aînée, Justine Willard, née en 1854, épouse en 1877 à Rety le forgeron de 28ans Louis Hot d’Hardinghen. Sa sœur malencontreusement enregistrée sous le nom de Marie Rose Émilie William à sa naissance en 1858 se marie sous ce nom en 1879 à Rety avec Casimir Dandre, 23ans, domestique à Colembert. Leur frère Prosper Willard, né en 1855, a pris la relève de son père comme meunier à Fiennes en 1879 quand il épouse è Caffiers Marie Lavoine,
couturière de 22ans dans cette commune, fille de Jacques Barthélémy
Lavoine et Marie Antoinette Elisabeth Robache, débitants de
boissons à Caffiers avec une importante descendance Willard à Fiennes
où Prosper est meunier (1879-86 + 1894-98), cabaretier (1889-91, 1911,
1926)), débitant (1900) voire vendeur de journaux (1896). Ils décèdent
tous les deux à Fiennes aux alentours de 1930. Le quatrième et
dernier enfant du couple Willard-Duquesnoy, Alfred Willard, né en 1870, est meunier de 19 ans à Rety en 1889 quand il y épouse Marie Félicie Sophie Canva,17ans,
originaire d’Hardinghen, fille d'Ernest Canva, 40ans et Félicie Dupuis,
36ans, ménagers à Rety. En 1898, le couple est à Bruay-en-Artois où
Alfred est ouvrier mineur et où naît en 1900 une fille Willard
prénommée Simone Justine qui épousera un suisse à Zurich dans les
années 1920.
Un quatrième enfant de William Willard et Sarah Jupp, mais celui-là né en France, à Rety en 1845, Staven ou Stephen ou Étienne Willard, est lui aussi garde moulin à Boulogne en 1871 quand il y épouse Virginie Guilbert,
21ans, fille naturelle de Virginie Guilbert, 50ans, et chez sa mère sur
le Blvd des Tintelleries à Boulogne (parmi les témoins au mariage, on
note la présence d’Hippolyte Willard, meunier de 22ans à Marquise et
neveu du mariant, probablement le fils de John, le frère aîné d’Étienne
qui épousera Louise Toussaint l’année suivante). Le couple
Willard-Guilbert se déplace beaucoup dans la région entre Boulogne et
Lumbres, au nord de Desvres, autour des communes de Brunembert, Selles,
Surques, Quesques, St-Martin-Choquel, Coulomby et
Bayenghem-lès-Seninghem avec des retours à Rety et Fiennes. Etienne y
est meunier comme son père et ses frères aînés et le couple a jusqu’à
douze enfants entre 1872 et 1893. Le périple commence en 1872 à
Brunembert où Étienne est meunier de 27ans et où naît un premier
enfant, une fille prénommée Sarah. C’est aussi à Brunembert que naît en
1874 une deuxième fille, Jeanne. L’année suivante, Etienne est meunier
de 30ans à Selles ou naît une troisième fille, Berthe. Le couple
Willard Guilbert et ses trois filles, Sarah, 4ans, Jeanne, 2ans, et
Berthe, 1an, apparaît dans le recensement de Selles pour 1876. Quatre
autres enfants naissent à Selles où Etienne est meunier, entre 1877 et
1881 : Alice en 1877, Louisa en 1878, un premier garçon, Etienne en
1880, suivi en 1881 d’un deuxième, Georges qui ne survit qu’un mois.
C’est aussi en 1881 que le couple Willard-Guilbert se déplace à Surques
où ils apparaissent dans le recensement de cette année-là avec leurs
six enfants : Sarah, 9ans, Jeanne 7ans, Berthe, 6ans, Alice, 4ans,
Louisa, 3ans, et Etienne, 1an, plus Louise Dincq, une domestique de
17ans, Valentin Lanoy, un ouvrier meunier de 34ans et Eugénie
Delpierre, une pensionnaire rentière de 70ans. En 1883, un troisième
garçon, Eugène, naît à Surques. On ignore où la famille s’est installée
entre 1883 et 1888. Il ne sont plus à Surques dans le recensement de
1886 et une sixième fille prénommée Marthe naît vers 1885. En 1888, ils
sont à Fiennes où Prosper Willard, le neveu d’Étienne, est déjà meunier
comme rapporté plus haut. C’est cette année-là que naît un dixième
enfant, William. Dans le recensement de Fiennes de 1891, au lieu-dit Le
Mom, on retrouve Etienne Willard, meunier de 45ans, Virginie Guilbert,
sa femme, 42ans et leurs enfants : Jeanne, 17ans, Berthe, 15ans, Alice,
14ans, Louisa, 12ans, Etienne, 11ans, Eugène, 8ans, Marthe, 6ans et
William, 3ans. Cette même année 1891, un quatrième garçon s’ajoute,
Georges. Nouveau déménagement en 1893, à Rety cette fois, où naît au
hameau du Crunquelet un dernier enfant, Maurice. On retrouve Étienne
meunier à Selles en 1898 (naissance de son premier petit enfant) et
1902 (mariage de sa fille Alice) mais l’absence de recensements en 1896
et 1901 dans cette commune empêche de confirmer ce nouveau
déménagement. En 1905, il est meunier à St-Martin-Choquel, juste au sud
de Selles. Le recensement de 1906 pour cette commune le donne sans
profession avec son épouse et leur trois derniers enfants : William,
18ans, garçon meunier, Georges, 15ans et Maurice,13ans, mais aussi leur
fille aînée, Sarah, 34ans, avec ses deux filles naturelles, Maria,
8ans, et Helena, 1an, qui portent le nom de leur père, Herbert Collins,
domestique anglais de 39ans résidant à Winchester dans le Hampshire et
qui vient de les reconnaître. La longue itinérance d’Étienne s’achève à
Coulomby où il est ménager en 1908. Le recensement de 1911 pour cette
commune le montre avec Virginie, son épouse, ses fils Georges, 20ans,
et Maurice, 18ans, et ses petites filles Collins, Maria 13ans, Helena,
6ans et une nouvelle venue, Florence, 4ans. Il s’éteint à Coulomby en
1917 à 71ans.
Sur les onze enfants Willard d’Étienne et
Virginie ayant atteint l’âge adulte, au moins trois garçons et deux
filles se marient. Les premières à le faire sont les filles : Louisa Willard, 23ans, est sans profession à Paris dans le 18e arrondissement, en 1902 quand elle y épouse Eugène Schamberger, 26ans, employé ‘au Nord’ à Paris avec descendance Schamberger dans cette ville; la même année 1902, Alice Willard, journalière de 25ans à Selles, épouse à Coulomby Eugène Descamps,
charpentier de 27ans à Coulomby (Eugène Schamberger, son beau-frère est
témoin et c’est là qu’on apprend qu’il est agent comptable au chemin de
fer du Nord). Etienne Willard continue la tradition familiale car il est meunier de 26ans à Bayenghem-lès-Seninghem en 1907 quand il épouse à Quesques Marie Rebergue,
21ans, de cette commune avec descendance Willard à Bayenghem (une
fille, Germaine, née en 1907) où Etienne est garçon livreur épicier
(1911) puis cabaretier (1921 et 1926). Eugène Willard est lui aussi meunier mais à St-Martin-Choquel en 1908 quand à 25ans, il y épouse Marie Tellier,
domestique de 23ans à St-Martin (Parmi les témoins, on retrouve son
frère Etienne de Bayenghem et ses sœurs Alice et Berthe Willard, la
première ménagère de 31ans à Coulomby et la seconde, domestique de
33ans à Boulogne) avec descendance Willard à St-Martin-Choquel (Marcel
né en 1909 et Georges né en 1917) où à l’instar de son frère Etienne,
il n’est plus meunier dès 1911 mais ouvrier puis garçon livreur (1921
et 1926). Enfin William Willard épouse à 35ans, en 1923, à Pont-à-Vendin près de Lens, dans le bassin houiller du Pas-de-Calais, Léonce Clémentine Degorgue.
Retour